PLUS QUE DANS LA VIE – nouvelle

Nul que deux cm me séparaient hier de tes lèvres. Trop près ou trop loin. C’était une raison suffisante pour ne pas dormir toute la nuit. Dommage que tu ne m’avais demandé si je voulais que tu me manques avant de me tenir les mains un instant de trop… Je les avais soigneusement crémés avant la réunion, mais je ne veux pas penser que j’ai pris des décisions conscientes à ce moment-là. Parfois, je fais semblant de m’observer d’un côté au lieu de contrôler la vie.

Récemment, j’ai rêvé que je mangeais une délicieuse pâtisserie italienne. Elle était faite d’amandes un peu caoutchouteuses. Je ne l’ai pas encore mangé, mais je peux deviner à l’odeur son goût. Chaque fois que je rêve, j’ai l’impression d’être dans un monde parallèle, donc j’ai essayé très fort de ne pas tout manger et avec cette pièce, dans le monde le plus vrai que je connaisse, prouver que ce n’était pas qu’un rêve. Je me suis réveillé avec une main vide et crispée. J’ai un peu de regret, ce gâteau m’aurait donné beaucoup de confiance, j’aurais eu l’impression d’avoir trouvé quelque chose de plus, ma Narnia….

Tu disais que la vie ordinaire ne te suffisait pas et que nous irions dans la forêt. Nous étions censés nous déguiser, c’est ta façon de ne pas devenir fou dans la corpo, comme l’une des nombreuses personnes grises et similaires. J’ai pensé que c’était une bonne idée. Je me suis déguisée en gitane parce que la liberté me manque vraiment et j’aimerais danser une longue danse rituelle sans contrainte. Tu t’es déguisé en roi et n’as pas quitté ton rôle, même pour un instant. Tu as royalement cherché du bois de chauffage. Tu m’avais raconté une parabole à propos d’un souverain sage. Puis, tu m’as regardé dans les yeux et admis que pour toi, je suis comme le sel d’une histoire et sans moi tout est stérile. Ton ton de voix m’avait convaincu qu’il s’agissait de quelque chose de spécial. Nous avions allumé le feu de camp. Dans sa lueur, je me demandais si les déguisements que nous portions étaient réellement des déguisements, puisqu’on s’y sentait plus à l’aise que dans des vêtements de tous les jours. Je t’avais montré comment tourner pour qu’on se sente comme en transe. Fatigués, nous nous sommes allongés sur l’herbe. Tu avais le sourire aux lèvres et nous nous sommes endormis à deux cm l’un de l’autre…

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soyjuanma86

I'm a writer born in Argentina, but currently living in Poland. I work as an English and French teacher, translator and copywriter.

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